Que l'on pense à Arnold Fanck, Leni Riefenstahl, Marcel Ichac, Gaston Rébuffat, Nicolas Vanier ou Bertrand Delapierre, le film de montagne est un genre filmique qui, depuis ses origines, peut être délimité et pensé dans le cadre d'une généalogie occidentale de la perception des sommets. Ainsi, parallèlement aux représentations artistiques des cimes, le cinéma et la télévision contribuent largement depuis la fin du XIXe siècle à la construction de l'imaginaire des montagnes, principalement grâce à une révolution qui développe un large faisceau de perceptions, pratiques sportives et projections depuis quelques siècles. En cela, le film de montagne peut être entendu comme un objet occidental, créé, structuré et façonné selon des codes particuliers, se distinguant des œuvres issues d'autres sociétés qui ont certes représenté les sommets, mais de manière différente. L'ancrage du film de montagne est donc essentiellement occidental et fait preuve d'une prédilection pour la représentation de certaines valeurs civilisationnelles fortes. Il s'en suit une uniformisation des thématiques et codes représentés à l'écran, de la beauté à la virginité du paysage, de l'ascension au capitalisme, tout en passant par l'aventure « extrême » exportée à l'international.